Georges Sfeir
Le mouvement scout se propose de contribuer largement à la formation de l’être humain. Bien que ce qui le distingue surtout, dans ce domaine, c’est sa connivence avec la nature, il s’avère que ce qui fait la valeur de sa fonction éducative, de son apport culturel, relève du fait qu’à travers et au fond de ses apports, c’est une merveilleuse école de vie spirituelle.
Enfant de « Dieu, l’Eglise et la Patrie », le scout se donne pour tâche d’honorer le triple engagement qui en dérive ; et « de son mieux », expression qui renvoie à la devise scoute des plus petits, les « louveteaux », comme aussi à l’engagement – ou « départ » – pour une vie d’adulte : « Aujourd’hui mieux qu’hier et demain mieux qu’aujourd’hui. »
Il nous incombe, en l’occurrence, de présenter l’apport éducatif, culturel, du scoutisme à la vie spirituelle, à la spiritualité chrétienne qui fut celle de Baden Powell, son fondateur, comme du fondateur immédiat de notre scoutisme au Collège des Apôtres, et à partir de ce collège, le regretté Père Boutros Chalhoub ; source de vie intérieure, le scoutisme qui nourrit et qui forme véritablement, merveilleusement, ceux et celles qui voudraient en faire provision pour leur chemin de vie.
Il serait très significatif et révélateur, à cet égard, de remarquer, voire de souligner, ce qui suit : l’amour de la nature que le scoutisme cultive et développe par le contact direct et fréquent – camper dans la nature (camp fixe), parcourir la nature (camp volant) – revêt une dimension métaphysique, possède une valeur spirituelle : « Le scout voit dans la nature l’œuvre de Dieu, il aime les plantes et les animaux. »
Pour illustrer d’exemples très significatifs, vivement révélateurs, la précieuse contribution du scoutisme à la vie spirituelle, il nous suffit de recourir au palmarès des souvenirs et d’en égrener quelques-uns :
– L’autel, bricolé à l’aide de bâtons et de cordage, sous un chêne du Kesrouan, ou encore à l’ombre de quelques pins parasols du Haut Metn.
– Notre Père Conseiller Spirituel (que, dans le cadre du scoutisme, on désigne sous le nom de Père Aumônier), illustre campeur et, en sa qualité de prêtre, « franchissant » tous les matins, en pleine forêt, un tel « sanctuaire » et « rayonnant » tout autant de la lumière du soleil levant que de sa lumière intérieure faite, à la fois, de foi, d’espérance et de charité.
– Le soir, à la lumière et autour du feu de camp, des jeux, du théâtre, des chansons, des cantiques, celui notamment qui fait fonction de prière finale :
Nous venons toutes les patrouilles
Te prier pour te servir mieux
Vois au bois silencieux
Tes scouts qui s’agenouillent
Bénis-les, O Jésus, dans les cieux
– « Servir » en effet, et « servir mieux », est le mot d’ordre par excellence, et la « Route », ce chemin de vie, le serait-il vraiment s’il n’était la route du service ?
– Les « épreuves » qu’il nous fallait traverser pour passer d’une étape à la suivante, et parmi lesquelles épreuves celles qui se veulent pour plus de culture religieuse.
– Le « Chant des adieux » :
« Faut-il nous quitter sans espoir,
Sans espoir de retour ? »
Eh bien non, l’espoir demeure
« Car Dieu qui nous voit tous ensemble…
Saura nous réunir… »
Ce chant de l’espoir, voire de l’espérance, il nous arrivait de le réciter, de le chanter, larmes aux yeux et pourtant sourire aux lèvres, à l’occasion du départ de l’un ou de l’une de nos frères et sœurs vers l’au-delà… Car enfin, tel en était le refrain :
« Ce n’est qu’un au revoir ! »