Linda rizk saber
Introduction :
La naissance du « Grand Liban » a eu lieu Introduction :
La naissance du « Grand Liban » a eu lieu à la suite de graves péripéties tragiques, locales, régionales et internationales. Les Libanais eux-mêmes ont connu des controverses dans leurs situations relatives à ce sujet. D’aucuns revendiquaient la réalisation de l’indépendance politique sous l’ombrelle de la domination maronite, d’autres appelaient à la décentralisation dans la direction, d’autres encore aspiraient à l’unité syrienne sous l’ombrelle du régime royal du roi Faysal ou bien une unité islamique cherchant à réanimer e Khalifat.
Ces derniers considéraient que la mise en place du « Grand Liban » constituait un danger sur l’avenir de l’état syrien proposé. Dans ces contradictions, apparut le « Grand Liban ». [1] Afin de clarifier l’image, la recherche sera concentrée sur deux points :
- Le mouvement nationaliste arabe
Ce mouvement a commencé à émerger à partir du début du XIXe siècle où de nombreux intellectuels revendiquaient le nationalisme arabe comme Amine Al Rihani, Baroudi et d’autres personnalités qui considéraient le gouvernement turc comme un danger qui menaçait la nation arabe.
Cependant, ce mouvement nationaliste avait commencé à se disloquer après la Première Guerre Mondiale. Les facteurs les plus importants furent le grand détour parmi certains de ces adeptes à cause du penchant des penseurs et politiques chrétiens au Mandat Français, ce qui fut appelé la « Maronité Politique ».
Cette tendance a coïncidé avec l’émergence d’un courant contre le nationalisme arabe qui fut appelé « le nationalisme libanais » dont les supporteurs ont soulevé un slogan annonçant que le Liban constitue une nation différente de la nation arabe. Le père Boutros Daou soutenait cette tendance.
- La Première guerre Mondiale :
Cette guerre a éclaté le 30 juillet 1914. La Turquie est entrée officiellement en cette guerre le 29 octobre de la même année. Il était naturel que le Liban soir touché par cette nouvelle et grave situation surtout à travers les mesures et procédures imposées par Jamal Bacha, commandant du 4e corps militaire turc du levant, notamment :
- L’abolition des privilèges étrangers et la fermeture de la messagerie étrangère à Beyrouth le 19 septembre 1914.
- Démission de Moutasarref Ohannes Pasha le 5 juin 1915 et la nomination d’un gouverneur turc à sa place, Ali Mounif Bey, le 25 septembre 1915.
- La pénétration de l’armée ottomane à la montagne à travers Zahlé et la Bekaa le 22 septembre 1914.
- Déclaration de « la Grande Révolution Arabe » au Hijaz mené par le Shérif Hussein à la suite d’une correspondance intense entre Hussein et Sir Henri Mc Mahon, haut-commissaire britannique en Egypt.[2]
- Ceci en outre de la progression de la force de la « Révolution Arabe » sous le commandement de l’Empire Faysal vers Damas où elles levèrent le drapeau arabe aussi bien qu’un commandement politico-militaire a été formé. Chukri Ayoubi fut envoyé en missive à Beyrouth pour rencontrer les membres du Conseil d’administration et lever le drapeau arabe sur le sérail de Baabda en tant que représentant de Faysal au Liban.
Pendant ce temps le dernier gouverneur turc, Moumtaz Bey, s’est retiré de la montagne le 25 aout 1918 laissant les rênes du pouvoir entre les mains des forces de la révolution arabe et les alliés. Il prit le train à Zahlé puis à Damas en remportant avec lui ce qui restait du budget de la montagne[3].
Chapitre I
Les traits dominants du « Grand Liban ».
- Le gouvernement arabe à Damas.
A la veille de la fin de la première guerre mondiale, on croyait profondément, dans la totalité des pays du Cham, à une nouvelle résurrection de « l’Empire Arabe ».
Les mises en œuvre commencèrent à presser le pas vers cet objectif. Un gouvernement fut formé à Damas, les drapeaux furent hissés dans la plupart des villes syriennes et surtout les libanaises d’entre elles ; on réclamait l’adhésion à « l’Etat Arabe » et on disait que les « Arabes » existaient avant Moise, Issa et Mohamed[4].
Mais cette poussée de joie ne dura pas ; car la France a commencé rapidement à transgresser les promesses faites aux arabes et elle s’est mis à exécuter les étapes pratiques pour appliquer l’accord de Sykes-Picot. Après la tombée des pays arabes syriens aux mains des anglais… La France a protesté auprès d’eux et elle a demandé l’occupation des pays signalés ci-dessus. Le haut commandement britannique en Egypte s’est plié au désir de la France et il a donné l’ordre à l’Emir Fayçal de céder les cotes syriennes aux armées françaises… cela voulait dire l’application pratique des conditions de l’accord mentionné. Les forces françaises débarquèrent à Beyrouth le 8 novembre 1918 s’appuyant sur une base populaire aux diverses objectifs et penchants politiques, confessionnels et nationaux et elles ont fait descendre les drapeaux arabes dans les villes syriennes[5].
Et là, il est nécessaire de signaler la position des Libanais envers le gouvernement arabe de Damas ; cette position fut partagée en plusieurs directions. Les uns l’appuyaient avec enthousiasme, les autres avec réserve, d’autres étaient contre lui réclamant l’indépendance sous le protectorat français. Cette dernière position était approuvée et soutenue par les forces françaises. Ainsi, l’abîme politique commença à s’approfondir petit à petit. Les unionistes sentirent le danger tout proche qui les attendait, les séparatistes se mirent à affermir leur alliance et leur relation avec le français et cette affaire a influencé sur les pourparlers de la réconciliation à Paris où les délégations syriennes étaient représentées par des délégués riches en contradictions et ayant des objectifs très opposés.
En effet, les trois délégations libanaises réclamaient l’élargissement des frontières libanaises et la séparation de la Syrie. L’Emir Fayçal s’efforçait beaucoup à conserver l’unité syrienne, soutenu par les musulmans de la côte et de l’intérieur libanais et cela signifiait la naissance d’une nouvelle période de relations entre les partisans intérieurs et extérieurs qui influença négativement sur l’avenir du pays. Il est bien propice, à notre avis, d’exposer ces divergences et ces attitudes avant la déclaration de « l’état du Grand Liban », chacun à partir de son point de vue particulier. Mais elles ne se distinguent point des données générales de notre recherche qui vise à montrer les luttes qui ont accompagné la déclaration du « Grand Liban », à commencer par l’attitude française envers « l’Unité syrienne », et la séparation d’elle.
- L’attitude française
Après le débarquement des forces françaises sur la côte libanaise, le 8 octobre 1918, et la descente du drapeau arabe du sérail de Baabda, les français se sont mis à exercer leur politique visant à exécuter leurs ambitions et objectifs préconçus durant les années de la guerre et auparavant. Pour réaliser cela, ils ont suivi la politique suivante :
- Pousser les chrétiens de l’intérieur et les encourager à refuser la visée syrienne, à réclamer un état indépendant qui sera le leur, où ils auront une certaine dominance avec la garantie politique pour ce courant dans les congrès de paix.
- Créer des obstacles aux activités du gouvernement arabe de Damas, afin de le dissoudre et d’étendre le pouvoir français à sa place et cela va être assuré avec la bataille de Mayssaloun, puis adresser un ultimatum français à Fayçal avec les conditions jointes à cet ultimatum.
- Exercer des manœuvres politiques avec habileté dans les congrès de paix pour gagner du temps et assurer la pression populaire réclamant la France.
Poursuivons le premier objectif[6] dans la politique française :
Les français qui ont planifié leur politique savaient qu’elle prendrait nécessairement en considération les propriétés effectives et pratiques de la société syrienne non-agencée, et de la composition sociale du milieu syrien. Ils évitaient d’envenimer les discordes en soumettant les éléments faibles et en les exposant à la vengeance des éléments plus forts, même ils ont participé à créer un isolement et empêcher l’interaction, le développement entre ces sections de la société… Ils donnaient aux régions les plus arriérées (ou bien dans un état semblable à celui de la montagne Libanaise) l’occasion pour se développer dans un isolement relatif, bien meilleure que celle qui leur sera permise, au cas où elles formaient une portion d’un seul état syrien[7].
Malgré cela, l’occupation anglo-française du Liban à la fin de l’année 1918 s’est distinguée par la totale absence de la vie politique indépendante. Elle a obligé certains politiciens français à se fixer directement autour de leurs amis traditionnels c’est-à-dire les maronites en particulier. Les principaux courants dans les rangs de ces amis réclamaient l’élargissement des frontières jusqu’à leurs limites naturelles et historiques. Ceux qui soutenaient ce courant aspiraient à l’indépendance et à la réalisation de la séparation avec la Syrie[8].
Cette attitude de la France a trouvé une approbation et un soutien très forts de la part des religieux maronites malgré le déséquilibre confessionnel que portaient cette séparation avec la Syrie et l’élargissement des frontières libanaises, et cela contre l’intérêt des maronites. Ce fait a conduit par la suite vers une sorte d’accaparation du pouvoir et des privilèges pour la sauvegarde de la présence chrétienne et son assurance contre la dissolution dans le grand entourage islamique, en créant le grand conflit confessionnel islamo-chrétien qui constituera le titre de tous les conflits dans l’état libanais naissant. Cette chose va donner au mandat français l’occasion de perdurer pour la plus longue période possible, comme elle va nous pousser à tirer une conclusion : les hommes politiques français n’étaient point du tout intéressé par la création d’une patrie nationale chrétienne, comme l’a prétendu le patriarche maronite Elias Houweik. Les français d’un côté et les personnalités religieuses de l’autre se cachaient derrière le confessionnalisme. En effet, les français projetaient garder le Liban comme une base principale pour leur expansion économique et culturelle vers l’intérieur syrien et Irakien… Le clergé maronite surtout planifiait pour orienter la politique libanaise vers la création d’une patrie nationale chrétienne indépendante de la Syrie et du reste des régions arabes et soutenu par les français… Le Liban, comme le dit le patriarche Howayek était et restera une patrie chrétienne car ils n’ont qu’une seule dans l’ensemble des états orientaux[9]. Mais les français essayaient de garder le Liban sous leur protectorat et une base pour se diriger vers la Syrie et y étendre leur domination. Cela a apparu clairement après, dans une déclaration du général Gouraud le premier haut-commissaire français en Syrie et au Liban…
Les français se sont mis à encourager l’esprit confessionnel en éveillant le fanatisme entre les confessions et les rites, en poussant les chrétiens contre les musulmans et en attaquant le gouvernement arabe à Damas le traitant de païen, d’arriéré et en faisant une propagande pour l’importance de leur séjour au pays. En vérité, les français n’étaient pas si intéressés par la création d’un Liban agrandi, indépendant, chrétien ou autre chose. Ils étaient pour une « grande Syrie » sous leur pouvoir effectif et complet. L’idée d’une « grande Syrie » était approuvée cet soutienne par la France jusqu’à la fin de l’année 1919.
Notre avis autour des objectifs du gouvernement français pour la question de l’unité et la séparation et soutenu par la promesse faite par Clémenceau au patriarche Elias Howayeck d’élargir les frontières du Liban et réaliser les réclamations énoncées dans les notes chrétiennes le 10 novembre 1919.
- Les points de vue de la politique locale et régionale aux congrès de paix.
Nous avons tracé la ligne de la politique française en grande Syrie ; quelle était celle des chefs locaux ? Comment se comportaient-ils avec les évènements ? y-avait-il des entrecroisements avec la politique française ?
En vérité, il y avait différents points de vue sur le plan régional : les uns réclamaient « l’unité totale avec la Syrie », les autres voyaient dans la « décentralisation administrative » une solution au problème de l’unité et la séparation avec la Syrie, un troisième groupe a réclamé la séparation totale avec la Syrie après l’élargissement des frontières du Liban. Comment ces divergences de points de vue se mouvaient-elles alors ? Le général Gouraud fut nommé chef des armées françaises en Orient et commissaire français en Syrie et au Liban, le 18novembre 1919 à la tête de 30 000 soldats français. Cela a augmenté les contradictions intérieures. Son arrivée a réjoui ceux qui réclamaient un état libanais en orient sous la protection française, a angoissé, troublé le courant national et unitaire qui demandait l’indépendance de la Syrie ; cette arrivée a augmenté les occasions de la séparation, comme s’il était envoyé pour réaliser ce but. Chaque groupe s’exprimait à sa manière : le premier a exprimé ses désirs par l’organisation de manifestations soutenant la France dans un grand nombre de régions à majorité catholique. On remarque que ce groupe qui représentait les séparatistes prit un aspect confessionnalisme chrétien maronite, la plupart du temps[10]. Quant au groupe appelant à l’unité syrienne, il était vivement troublé par les directives françaises. Ses idées politiques s’orientèrent vers l’extrémisme pour les projets de la ségrétion. C’est pourquoi, dès l’apparition de ces projets, les commandements unitaires se sont mis rapidement à annoncer l’indépendance de la Syrie sous le règne de Fayçal et cela le 8 mars 1920. Le décret du congrès général déclarait l’indépendance de la Syrie avec ses frontières naturelles, une indépendance plénière et véridique et demandait aux alliés de l’évacuation de leurs soldats de toutes les régions qu’ils occupaient y compris la Palestine et le Liban[11].
Ce discours exprima clairement la force du choc reçu par les « Unitaires » qui considéraient que leur devoir les appelait à chasser l’étranger par la force[12]. Par contre, la France s’efforçait à écraser le courant nationaliste dont Paul Hauvelin avait incité les français de prendre garde et à étouffer le projet du gouvernement de Fayçal au berceau[13].
- Les mouvements des Unionistes
Nous revenons en arrière pour rappeler l’attitude des français de l’exécution de l’accord Sykes – Picot, cette question qui a éveillé la colère des commandants de la révolution arabe et poussé l’Emir Fayçal à envoyer un mémorandum avec les réclamations unitaires au « congrès mondial de paix » où il a dénoncé la domination étrangère sur les pays arabes et demandé leur indépendance totale annonçant que le but de son mouvement était l’unification des arabes en une seule nation[14].
La lecture attentive du mémorandum envoyé par Fayçal au congrès montre que l’Emir y traçait les limites naturelles des pays arabes, même les limites demandées pour l’état proposé. Puis il a rappelé aux alliés surtout à la Bretagne les promesses qu’elle avait faites à son père dans un autre communiqué le 6 février 1919 où il a exposé sa réclamation de l’unité[15].
Cette nouvelle position de Fayçal s’assimila avec une orientation libanaise demandant une union fédérale syrienne où le Liban garderait son indépendance administrative et une liaison avec le gouvernement de Damas, mais qui insistait sur la séparation totale avec l’état arabe proposé qui s’étendait du Hejjaz jusqu’en Syrie. Chucri Ghanem a signalé cela à l’intérieur de la salle du congrès de paix, mais cette stratégie énoncée par Chucri Ghanem portait en elle-même des empreintes française qui l’ont poussé à réclamer le protectorat français et cela contrariait parfaitement la proposition de l’union indépendante syrienne[16].
Les évènements s’escaladèrent, s’évoluèrent et les objectifs s’éloignèrent entre les différentes parties, la chose qui va donner à ces divergences une grande influence sur la décision du haut-commissaire français au sujet de la déclaration du « Grand Liban » le premier septembre 1920.
Parmi ces évolutions, il y a eu la réunion du « congrès syrien général » à Damas le 7 mars 1920. Après ce congrès, on publia le décret historique qui fut considéré comme le commencement effectif des mouvements rapides vers un « grand Liban » et contenait la déclaration de l’Emir Fayçal comme roi de la Syrie le 8 mars 1920 et la déclaration du royaume arabe indépendant[17].
Le « congrès syrien général » avait contredit le droit prétendu par la France, celui de son mandat sur la Syrie. Et le congrès a énoncé : « Nous ne reconnaissons aucun droit que la France prétend avoir sur aucune région de notre pays, la Syrie ; nous refusons qu’elle ait aucun soutien, aucune aide pour notre pays, en aucune manière… Nous demandons de ne pas séparer la partie sud connue sous le nom de Palestine et la région occidentale côtière y compris le Liban, de la Syrie. Nous demandons que l’unité du pays soit assurée, n’offrant aucune partition en aucun cas[18].
- Les points de vue libanais sur l’unité et la séparation (partition)
Il est peut-être certain que le régime dont a joué le Liban depuis 1864, était un régime qui ménageait l’intérêt d’une catégorie particulière de Libanais, a porté en lui-même les racines du problème libanais au congrès de paix à Paris. Au moment où le régime du « Moutassarrifia » a désigné un chrétien comme « Moutassarrif » (gouverneur) à cause de la majorité chrétienne qui dominait dans la montagne, l’élargissement de la montagne pour englober la côte et l’intérieur va signifier un changement dans l’équilibre démographique. Puisque la réclamation d’un « Grand Liban » partait de la règle d’une continuité du pouvoir à la main d’une catégorie particulière libanaise de peur de se dissoudre dans le grand entourage arabe et islamique, la demande de l’élargissement des limites du « Moutassarrifia » engendrerait les conflits et les crises continuelles conduisant au « Grand Liban ».
Les premiers signes réclamant l’élargissement sont apparus durant les années 1913, 1914 à Paris, à travers le « Mouvement de réforme » visant la séparation avec l’état ottoman et l’union de quelques libanais à lui, en plus la réclamation des habitants de Dei-el-Kamar à unir Beyrouth, Tripoli et Saida au Liban. De même, les habitants de Zahlé et son entourage ont essayé avec effort et à la même époque de réclamer l’union de la Békaa, de Baalbeck et ses alentours à la Montagne[19].
Au début de la première guerre mondiale, s’activa le mouvement séparatiste avec l’état ottoman. Les libanais s’allièrent au même temps à la révolution arabe, mais à mesure que les signes de victoire des alliés, le recul des turcs et la dissipation de la domination ottomane apparurent, on vit l’éloignement et les divergences entre les points de vue des libanais. L’idée d’un gouvernement national au Liban apparut au public, divers courants se mirent à prendre forme. Une orientation demandant l’unité syrienne, une autre l’élargissement des limites de la « Moutassarrifia ». Mais les orientations qui demandaient l’agrandissement du Liban n’étaient pas toutes parfaitement d’accord sur la forme constitutionnelle du nouveau projet. Si le pouvoir français qui remplaça l’ottoman et après la sortie des forces de la révolution arabe de Beyrouth et du Liban a trouvé la tranquillité avec le mouvement réclamatoire conduit par le patriarche maronite Howayeck et qui proposait avec insistance le besoin du Liban pour le mandat français afin de l’aider à trouver la forme proposée, on entendait d’autres voix libanaises qui ont contredit cette orientation et éveillé l’angoisse du pouvoir français dans la région occidentale. Ces voix s’élevèrent au Caire à travers « le parti de l’union libanaise », « la mutuelle du jeune Liban » auxquelles adhéraient des journalistes des avocats et des commerçants qui avaient travaillé en Egypte sous le gouvernement britannique ; ils demandaient l’indépendance du Liban avec ses limites naturelles présentant une forme de remplacement du mandat, c’était la garantie des grandes nations pour cette indépendance[20].
Mais le premier document libanais officiel qui a réclamé l’indépendance et la séparation de la Syrie est parvenu de la part du conseil administratif de la « Montagne » le 9 décembre 1918 ; on y lisait : « Maintenant, et à l’occasion de la proposition des souhaits populaires devant « le congrès général de paix » le plus haut, le plus juste des organisations fondées par l’humanité jusqu’à maintenant, le conseil de la montagne a décidé d’envoyer Daoud Ammoun, l’un de ses membres, comme premier représentant, Mahmoud Bey Joumblatt, un autre membre, Abdalallah el Khoury traducteur du gouvernement du Liban, et les effendis Emile Eddé, Ibrahim Bey Abou-Khater, Abdel Halim et Tamer Bey Hamadé comme délégués de la « Montagne », pour exposer devant le congrès désigné, les réclamations suivantes :
- Elargissement du milieu vital de la « Montagne » libanaise jusqu’à ce qui était convenu être des limites historiqement et géographiquement, et répondre à ses profits économiques pour pouvoir assurer la vie de son peuple, de ses intérêts et richesses.
- La confirmation de l’indépendance du pays libanais en gérant ses affaires administratives et judiciaires par le moyen de ses propres compatriotes.
- Que ce pays ait un conseil de députés fondé sur le principe de la représentation relative pour la sauvegarde des droits des minorités, et élu par le peuple. Ce conseil aura le droit de voter des lois convenables au pays comme tous les conseils législatifs dans les pays démocratiques.
- L’aide de la France pour obtenir ces souhaits cités, son assistance pour l’administration locale, pour la facilitation des sciences et connaissances, pour le progrès de la civilisation du pays, pour la suppression des causes de la discorde et du déchirement, pour la mise des travaux sur le rail de la justice et l’égalité, et pour l’assurance des états indiqués de cette indépendance dans le but de l’épargner de toute atteinte. Le conseil a délégué les sept personnalités signalées pour présenter les propositions citées dans le congrès indiqué et poursuivre leur approbation et exécution. Le 9 décembre 1918[21], on remarque que ce document fut émis dans un temps où les espoirs des « Unionistes » étaient à leur sommet et à la période où fut annoncé le gouvernement arabe de Damas. On pouvait croire qu’il était un contournement contre les décisions du gouvernent pour une orientation française comme l’a souligné Youssef es Saouda en disant :
« Quand le commandement français a invité le vieux conseil administratif, les libanais se réjouirent et espérèrent que c’était les prémices de retour du gouvernement national au Liban, et ils ignoraient les accords des alliés avant la guerre…
Et le gouvernement français a pensé que le peuple syrien était uni pour le réclamer. Mais quand le bataillon français pénétra au pays le gouvernement français s’assura que les décrets ne s’appliquaient pas à la réalité, il demanda alors au « Conseil administratif » de la montagne d’émettre une décision où il demandait le mandat français, l’aide de l’état français et l’élargissement des frontières du Liban comme le signalait le communiqué cité ci-dessus et porté par la première délégation libanaise au « congrès de paix. »
Et le 16 juin, le patriarche maronite présida une autre délégation libanaise qui arriva à Paris le 22 août 1919 et présenta une lettre aux congressistes dans laquelle il a demandé l’élargissement des frontières et il a convaincu le gouvernement français de la justesse de l’idée libanaise incarnée par un état indépendant sous le protectorat français. Cette lettre constituera une ébauche de l’idée qui prévaudra sur les points de vue politiques libanais dans l’état proposé, c’était l’idée du nationalisme libanais et qui a été adoptée par les partis et organisations tels que :
« L’Union libanaise » et « le Comité libanais » pour une indépendance totale. Même elle deviendra l’axe principal du conflit politique au cours de l’histoire libanaise contemporaine[22].
Cette idée fut soutenue par les hommes de la religion tels Monseigneur Moughabghab, évêque de Zahlé pour les grecs catholiques qui a envoyé une lettre au « Congrès de paix » où il a parlé du concept de l’identité libanaise distinguée par la suprématie confessionnelle. Ce communiqué a atteint le sommet de la logique en dévoilant les buts et les principes des ennemis de l’unité syrienne. Eux ils voulaient un état chrétien, appelaient à un nationalisme libanais dont l’élément principal sera le chrétien, négligeant leurs partenaires et concitoyens dans la terre et la patrie, et se considérant comme les défenseurs de l’Europe et de la chrétienté face au danger des musulmans. Cela va augmenter la complexité des choses et l’élargissement de l’abîme séparant les habitants de la côte qui réclamaient « l’Unité syrienne » et les habitants de la montagne extrémiste dans leur fidélité à la France. Le discours de l’évêque Moughabghab était l’écho d’un communiqué présenté par le patriarche maronite E. Howayek au « Congrès de paix » où il a parlé de « l’Unité syrienne » et du refus de s’allier à la grande Syrie… « Nous préférons mourir de faim en défendant les rochers de notre montagne que de nous allier à Damas[23].
Durant cette époque le congrès avait envoyé le comité de « King-Crayne » pour prendre l’avis des habitants sur la décision de leur sort, et sur l’état mandataire qu’ils préféraient. Le comité donna son rapport de la façon suivante :
- Les maronites et les catholiques étaient aux côtés de la France sans hésitation. La réponse du patriarche au rapport du comité était très claire : l’indépendance absolue du Liban. S’il y avait urgence d’une aide, qu’elle fût de la part de la France[24].
- Les orthodoxes étaient divisés entre eux et réclamèrent une Syrie unifiée sans être d’accord sur l’identité du mandataire.
- L’opinion générale islamique était contre n’importe quel lien avec la France et réclama l’union avec la Syrie, dans sa grande majorité.
Le rapport du comité toucha bien à la réalité dans l’exposition des avis des habitants dans leurs divers désirs et confessions. Cela signifiait une division dans le domaine intérieur et même chrétien dans le courant appelant à l’indépendance libanaise, même cette division se trouvait à l’intérieur des membres du conseil administratif de la montagne dont les membres se trouvaient dans une claire divergence de points de vue sur le régime politique pour le Liban indépendant. Cela va créer de nombreuses difficultés devant le pouvoir impérialiste et l’imposition du mandat sur le pays.
Les membres de conseil se divisent en trois courants différents. Chacun voyait l’intérêt du Liban à travers son inclination envers les forces mondiales et régionales. Il y avait ceux qui ont appuyé :
- La séparation totale avec la Syrie.
- D’autres ont appuyé les décrets du « Congrès général » syrien en 1919 qui visait à donner au Liban une indépendance relative au sein de l’union syrienne. C’était ce que réclamait Fayçal dans son discours à condition d’éloigner toute main étrangère à jouer avec le sort des habitants. Ces membres dans le « Conseil administratif » ont essayé de faire parvenir leur opinion et leur voix au « Congrès de la paix », mais le pouvoir français les a emprisonnés. Parmi eux, se trouvait Saadallah Houwayek, le frère du patriarche maronite, Sleiman Kanan et Mouhsen Abdel Malak et ils furent exilés en Corse…
- Ceux qui appelaient à l’union avec la Syrie étaient la majorité totale des habitants des régions qui furent ralliées à la montagne[25].
Nous revenons aux mouvements du premier courant qui appelait à la séparation. Le patriarche Howayek a présidé la 3ème délégation libanaise avec l’appui français, et a présenté le 25 oct. Le communiqué des congressistes où il a exprimé dans la 4ème clause : puisque le principe du mandat a été (décrété) dans le traité de paix conclu à Versailles le 28 juin 1919 sans toucher aux droits du Liban dans la souveraineté, qu’il soit permis aussi de confier ce mandat au gouvernement français qui renvoie à la clause 23 de la « Société Nations » à donner au Liban son appui et ses directives… »[26] Puis il exposa les réclamations suivantes :
- La reconnaissance au Liban de l’indépendance que son gouvernement et son peuple ont réclamé le 30 mai 1919.
- Rendre le Liban à ses frontières historiques et naturelles en lui restituant les régions que la Turquie avait extirpées.
- Punir ceux qui ont causé et commis les tueries et les crimes terribles, et obliger le gouvernement turc aux compensations.
Sur ces données mentionnées ci-dessus le conseil s’est réuni comme représentant le peuple libanais et a émis le décret suivant :
- L’appel à l’indépendance politique et administrative du Liban avec ses limites historiques et géographique et la considération du pays pris de force, un pays libanais comme il était avant sa séparation.
- Le fait que le gouvernement libanais rende cette démocratie fondée sur la liberté la fraternité, et l’égalité, avec la sauvegarde des droits de la minorité et la liberté des religions.
- Le gouvernement libanais et français se mettent d’accord sur la décision des relations économiques avec les gouvernements avoisinants.
- Commencer l’étude et l’organisation de la loi principale avec ses droits originaux.
- Présenter ce décret au « congrès général de la paix »…[27]
Cette annonce reçut une traduction effective dans le conctomigné cité ci-dessus présenté par le patriarche Howayeck le 25 novembre 1919. Cette idée d’indépendance se répétait par la bouche des délégués libanais et à des proportions variables de sérieux et de précision suivant le courant de celui qui faisait la réclamation et voici le patriarche Howayeck revenant et à toute occasion pour insister sur l’indépendance du Liban de la nation arabe pour la considération que le peuple libanais était un nationalisme indépendant sans aucun lien avec la Syrie. Il exposait en disant : « L’indépendance totale du Liban envers toute région (Wilayat) arabe qui pouvait se créer en Syrie, car les libanais étaient depuis toujours une entité nationale distincte de tout groupe de gens de leur voisinage, par la langue, les mœurs, les penchants et les lettres (occidentales) Qu’ils possédaient. Les plus simples principes de justice exigeaient qu’on respectât l’indépendance du Liban vis-à-vis de la Syrie car rien ne pouvait unir entre ces 2 pays, ni au passé ni aux niveaux mental et politique [28] (national libanais chrétien) ni dans les souhaits.
Chapitre II
Déclaration du « Grand Liban »
- Des évènements survenus avant cette déclaration en 1920 :
L’année 1920 était considérée comme l’année décisive du conflit sur la géographie de l’état proposé au Liban, et comme un point de transformation dans les relations politiques. En effet durant cette année, la bataille de Mayssaloun et ce que signifiait cela d’achèvement sur le gouvernement arabe indépendant en Syrie, et d’étendue de la domination française sur la Syrie intérieure, et de la naissance de l’état du « Grand Liban » selon l’architecture française soit d’après l’obéissance ou d’après le rôle des politiciens qui y prirent le pouvoir. Et le Liban va pénétrer à l’intérieur d’un nouveau cercle de conflit politique, qui tournera autour de la participation au gouvernement, et le partage des postes entre les catégories contradictoires, entre celles qui réclamaient la séparation de la Syrie et qui ont réalisé leur rêve, et celles qui se sont considérées comme les créatrices du « Grand Liban », et celles qui ont changé leur méthode politique, même sans changer de leur nationalisme arabe elles se mirent à essayer d’entrer dans le cercle du gouvernement libanais indépendant sur la règle de faire ériger la face arabe du Liban, et d’empêcher l’accaparation du pouvoir de la part des autres catégories.
Tout cela se passait sur le plan intérieur syro-libanais. Quant au niveau du « congrès de paix », cette année 1920 s’est qualifiée par la libération du gouvernement français du droit de décider le sort des peuples par la chute de l’inventeur de la proposition, le président Wilson, président des Etats-Unis. Seule restaient la Bretagne e la France à gérer les travaux du congrès.
A la veille de 1920, les opinions politiques au Liban se distinguaient par leurs objectifs et leurs tendances et cela nous l’avons cité au paravant. Il y avait un courant qui a réclamé l’indépendance avec un mandat français. Un autre demande l’indépendance du Liban avec ses frontières naturelles proposant une forme de garantie de la part de la grandesse nations à la place du mandat réclamé par les délégations libanaises au congrès de paix.
Dans un communiqué élevé par « la mutuelle du jeune Liban » aux grandes nations le 10 janvier 1920, une forte protestation contre la réclamation du mandat français est apparue, car « exercer l’indépendance n’est pas impossible » comme l’exprimait le communiqué[29].
Pour satisfaire ce courant et d’autres, refusant la présence française, la France a essayé de gagner l’amitié de ceux qui appuyaient, « la grande Syrie » à travers une rencontre entre Fayçal et Clémenceau le 6 janvier 1920. L’entrevue engendra un accord qui créa un tournant dans les vues unionistes de Fayçal ; avant il refusait toute séparation de la Syrie, on l’a vu dans cet accord accepter de signer l’indépendance du Liban sous le mandat français[30].
Mais, malgré cet accord, les évènements sanglants s’accélérèrent. Le 8 mars 1920 le « Congrès général syrien » conclu à Damas a pris sa décision par l’annonce du « Royaume arabe » en Syrie et désignation de Fayçal comme roi de ce royaume. A la suite on forma le premier gouvernement arabe qui engloba parmi ses membres des chrétiens tels qu’Abdallah el Khoury ministre des finances, le 9 mars 1920. Cela a excité la colère des maronites à travers la lettre du patriarche Howayeck à Millerand le premier ministre français. La réponse parvint de la part de ce dernier exprimant que la France n’a cessé de rester fidèle aux promesses tenues depuis longtemps envers le Liban. Et quand s’est tenu le congrès de Saint-Rimo en Italie le 14 avril 1920, la France fut dotée, et parce qu’elle était considérée parmi les héritiers du sultanat ottoman dissolu, du mandat sur la Syrie et le Liban. Et l’Angleterre fut dotée ainsi du mandat sur la Palestine et l’Irak…
Deux ans après, fut signé à Londres la lettre du mandat qui a établi les relations franco-libanaise sur le plan officiel national sous l’égide de la « Société des Nations » et durant ce temps les relations entre la France et Fayçal à Damas se troublèrent… Et les forces françaises débarquèrent à Beyrouth le 8 octobre 1920 et étendirent leur domination selon une politique impulsive contre quiconque qui réclame « l’union syrienne » et celui qui montre son refus du mandat français. Les libanais n’en pouvaient plus du poids du régime militaire étranger, ils réclamèrent un gouvernement national, et depuis lors ils se mirent à lutter avec force continuité et en cachette pour se débarrasser de la complexité du mandat » …
Les sérieuses renseignements avec Damas commencèrent en mai 1920 par le moyen de Najib Bek Asfar à Beyrouth et entre, d’un côté Saadallah Howayeck frère du patriarche maronite et l’un des membres du « Conseil d’administration, Elias Howayeck le traducteur de la « Moutasarrfia » et gendre de Saadallah déjà cité et entre Jamil el-alchir officier des relations syriennes à Beyrouth portant de la règle de l’indépendance de la montagne et son neutralisme après son agrandissement. Y participèrent aussi après Sleiman Kanaan, et Elias Choueiri des membres du « Conseil administratif », l’Emir Amine Erslane et d’autres. Après des va-et-vient on a émis une réclamation judiciaire pour demander l’indépendance totale qui serait portée par les membres du conseil administratif ; ceux-ci voyageraient à Damas et de là-bas à Paris… le 10 juillet 1920 fut rédigée la réclamation judiciaire et signée par sept des membres du conseil qui étaient : Saadallah Howayeck, Khalil Akl.
Sleiman Kanaan.
Mahmoud Joumblatt.
Fouad Abdel Malak.
Elias Choueiry.
Mhamed Haj-Hassan.
S’absenta Youssef Breidi qui était solidaire avec eux… Ils ne dévoilèrent rien à Daoud Ammoun, ni à Habib Bacha es-Saad.
La réclamation insista sur les points suivants :
- L’indépendance absolue du Liban.
- Le neutralisme politique du Liban.
- Rendre les terres extirpées du Liban à partir d’un accord entre le Liban et le gouvernement intérieur (gouvernement De Damas)
- Déterminer les relations économiques avec le gouvernement intérieur à partir d’un comité désigné par les deux chambres des députés libanaise et syrienne.
- Poursuivre les états pour éprouver toutes ces clauses et garantir l’indépendance…
On remarque que ce communiqué ne signalait pas le mandat français ni sa position dans le pays. Mais le général Gouraud le haut-commissaire français a emprisonné les membres de la délégation formée par le « Conseil administratif » selon le communiqué le 15 juillet 1920 et a nommé un « Comité administratif local », au moment où le chef du conseil administratif de la montagne Habib Bacha Es-Saad a télégraphié au président de la république française au sujet de la réclamation judiciaire du 10 juillet 1920 en la contredisant ainsi : « Le président et les membres du « Conseil administratif » du Liban voient d’un mauvais œil ce qu’ont fait certains collègues qui ont trahi leur patrie, ont essayé de le vendre et le jeter entre les bras du chérif le plus grand ennemi du peuple libanais, oubliant les habitudes de leurs grands-parents, et les vœux des habitants dont ils sont les représentants avant l’emprisonnement des membres du conseil administratif Gouraud a ordonné le 12 juillet 1920 la suppression du conseil adm. En attendant la mise d’un règlement principal pour le « Grand Liban » ; il a ordonné aussi de faire des élections générales, il forma un « Comité administratif » provisoire qui remplacerait le conseil et jouirait des mêmes fonctions. Quant aux membres de ce comité ils seraient désignés par nomination dans l’avenir : le haut-commissaire, le délégué administratif de la région occidentale, le juge militaire du Liban seraient responsables d’appliquer le décret rapidement et pour atteindre un objectif précis, le général Gouraud se mit en travail pour en finir avec le gouvernement arabe à Damas afin de poursuivre sa domination. Comme premier pas prendre en main les situations de la région syrienne et le gouvernement arabe qui scella une monnaie particulière à lui, et prépara l’armée pour défendre les frontières du pays. Et ceci a créé un danger pour la politique française en Orient surtout après l’arrivée de Youssef Azama en poste du ministère de la guerre dans le gouvernement arabe. Alors Gouraud donna l’ordre d’interdire les échanges bancaires sauf en livre syrienne émise de la banque syrienne et de considérer cette monnaie comme une monnaie officielle dans toutes les régions qui formaient jusqu’à ce jour (la région orientale des terres de l’ennemi). Puis il joignit à cela un communiqué au gouvernement de Fayçal à Damas où il étala les transgressions politiques que le gouvernement de Damas a commises comme il le prétendit, contre le pouvoir français en Syrie. Le communiqué a envoyé le 14 juillet 1920 du général Gouraud (haut-commissaire français en Syrie et Cilicie, et général chef de l’armée de l’orient) à son excellence royale, l’émir Fayçal contenait entre autres choses, des blâmes pour ses positions agressives contre la France. Il lui rappelait aussi les clauses qu’il avait promis d’appliquer auprès du premier ministre, et que ce tout ce qui était survenu se considérait comme :
- Une agression claire contre nos forces… et avec les actions, il y avait eu des nombreuses calamités contre les chrétiens surtout au pont du Karaoun le 29 décembre et c’étaient les 2 officiers Chérifistes Wahid et Tahssin Bey qui en étaient les responsables…
- Une politique agressive de la part du gouvernement de Damas. (Ses membres sont des ennemis de la France).
- Des arrangements administratifs dirigés contre la France (interdiction de la monnaie émise par la banque syrienne)
- Des actes agressifs directs contre la France. (Celui qui était ami ou allié à la France dans la région orientale était suspect par le pouvoir et maltraité méchamment la plupart du temps…)
- Une agression contre les droits nationaux. (Selon ces droits, le commandant de l’armée du Hedgez occupant la Syrie devrait sans aucun doute rester ottoman jusqu’à nouvel ordre émis par le traité de paix ne jouir d’aucune autre fonction ou qualité, et sauvegarder l’état de fait puisqu’il en était le gardien.)
- Des dégâts causés contre la France et la Syrie (En effet le pouvoir Français n’a pas jusqu’à présent organisé le pays, comme il le désirait. Elle a dû dépenser toute sa force et ses efforts à stopper les discordes continuelles et poursuivre des poupards politiques impulsifs avec le gouvernement de Damas. De ce fait, elle n’était plus responsable de ce retard car elle supportait le poids militaire et financier engendré par l’état où nous a empêtré le gouvernement de Damas…
Nous remarquons que ce communiqué était le commencement d’une tempête politique et militaire pour laquelle travaillaient les forces françaises. Elle n’a jamais reconnu le gouvernement de Fayçal à Damas, et a considéré l’armée de la révolution arabe qui a participé avec les alliées, comme une armée pro-ottomane, agressive contre la France, comme il était clair dans la clause 4 de ce communiqué. Elle a continué à considérer le gouvernement de Damas illégitime et toutes ses décisions illégales. De plus, le pouvoir français a demandé à Fayçal de lui donner des garanties comme :
- L’emploi du chemin de fer Rayack-Alep d’une façon absolue, avec le soutien d’une force militaire pour garder la gare, et occuper la ville d’Alep qui était un important centre de communications.
- Suppression du service militaire obligatoire… (entamé par le ministre de la guerre youssef Azma)
- Reconnaissance du mandat français… (le gouvernement de Damas avait refusé de le reconnaitre au « Congrès de paix. »)
- Reconnaissance de la monnaie syrienne en papier.
- Punition des criminels qui étaient les plus grands ennemis de la France.
Toutes ces conditions étaient présentées en gros (ensemble) et devaient être acceptées en gros (ensemble). Nulle partition dans leur exécution et il faudrait le faire dans un délai de quatre jours commençant à minuit le 15 juillet 1920 et finissant le 17 à 24 heures (12 h de la nuit). Si votre excellence, avant la fin de la date, envoie que vous avez accepté, il faudrait que vous donniez en même temps vos ordres aux autorités concernées de ne pas contrecarrer mes soldats qui avancent pour occuper les endroits indiqués auparavant. Puis reconnaitre que les clauses 2, 3, 4 et 5 doivent être appuyées par des textes officiels avant le 18 du mois indiqué, à condition que l’ensemble de toutes les exécutions soit terminé avant le 31 du mois, à partir de 24 h.
(Minuit, si votre Excellence ne fait aucun signe d’avoir accepté ces conditions, j’aurai l’honneur de vous faire part que le gouvernement français aurait la liberté totale d’agir[31].)
L’étonnant dans cette affaire était que le gouvernement de Damas, d’accord avec les conditions, avait envoyé Sateh Hossari le ministre de la culture pour mettre Gouraud au courant. Mais ce dernier s’est excusé d’accepter cette nouvelle position (attitude) du gouvernement syrien considérant qu’il s’était attardé à lui faire part. Il avait déjà donné l’ordre d’attaquer les régions intérieures et ne pouvait plus l’arrêter.
Réclamation de Zahlé pour le « Grand Liban » :
Après la création du Kaimaquamiah (district) de le Békaa en 1871 à temps du Moutasarrifia, Zahlé commença à sentir les dangers qui allaient la toucher. Ses chefs déclaraient ouvertement et réclamaient le retour de la Békaa au Liban vu son importance vitale et stratégique sur différents niveaux, puis à rendre toutes les régions extirpées de la montagne.
En 1912, le « Conseil municipal » de Zahlé appuyé par les différents organismes politiques et économiques de la ville, se mit à envoyer télégraphes et lettres à la « suprême porte » et aux ambassadeurs des grandes nations dans lesquelles il réclamait la reddition de la Békaa au Liban. La chose ne s’arrêta pas à ce niveau mais elle prit une forme plus précise et plus profonde. En effet, le 23 octobre 1912 une délégation Zahliote se forma de Chukri Bakkach le rédacteur de « Zahlé Fatate » et du membre du conseil d’administration Youssef Breidi, du Kaimacam de Zahlé Khalil Moussallem en plus de Elias Hajrouni, Aziz Diab el Maalouf qui se dirigèrent vers Beyrouth et rencontrèrent le consul général français Monsieur kojeh. Ils lui demandèrent de rendre la Békaa et les cazas détachés, à la montagne. Le 11 janvier 1913 le « conseil municipal » à Zahlé présidé par Monsieur Wadih Farah Maalouf a rédigé une liste qui contenait les causes obligeant à rendre la plaine de la Békaa au Liban. Cette liste fut connue par le nom de la « liste de la Békaa » et on envoya des copies de cette liste à toutes les municipalités libanaises et aux pays d’émigration. Elle a eu un extrême effet sur le rebondissement de « l’affaire libanaise » avec sérieux sur le plan international et local[32].
L’affaire du rattachement de la Békaa à la montagne dans le monde de l’émigration :
Cette affaire n’était plus limitée à l’intérieur libanais mais se transporta tout de suite au monde de l’émigration où les organismes de l’émigration envoyèrent des télégraphes aux représentants des grandes nations pour appuyer les réclamations libanaises. Dans une nouvelle citée dans « Zahlé Fatat » le 10 mai 1913 on racontait que la semaine passée « le club des jeunes zahliotes » à Cleveland (ohayo) a distribué des éditions qu’il colla sur les portes et les devantures de toutes les sociétés et magasins syriens dans lesquelles il appelait tous les originaires de Zahlé et Békaa à se réunir à la date du 18 mai dans le centre du club situé dans l’un des clubs américains. Le sujet de la réunion sera restreint à traiter le sujet du rattachement de la Békaa à la Syrie.
En effet la réunion s’est tenue à la date fixée, on y décida de former un comité qui aurait pour charge la négociation avec tous les comités de la Békaa et la coordination entre eux pour le service de cette affaire. On a comme des membres de ce comité : le pasteur Youssef Fattouche, Farès effendi Ata (originaire de la Montagne) et Hanna effendi Karam (de la Békaa)[33].
Nakhlé Bacha Moutran, martyr de la revendication (réclamation) du rattachement de la Békaa et Baalbeck au Liban :
La situation des habitants de la Békaa et Baalbeck face à l’affaire du rattachement à la montagne, n’était pas unifiée : Appuyant – mais avec pudeur – contestant ; de peur ou par intérêt. Parmi ceux qui ont soutenu le rattachement, Nakhlé Bacha Moutrane a payé de sa vie et dignité le prix de cette affaire. Pour éclairer toutes les faces de la question il faudrait avoir une idée sur ce que le consul de France à Damas a raconté autour de cette tragédie. Le 15 janvier 1913 le consul a raconté dans une lettre qu’il envoya à l’ambassadeur de son pays à Estana que Nakhlé l’avait visité 2 fois la semaine d’avant et étudié avec lui la question libanaise. Il lui avait déclaré que lui et ses compagnons libanais avait décidé de rattacher Baalbeck, Hermel, et la plaine de la Békaa au Liban, mais ils avaient besoin du soutien de son pays (France) pour réaliser ce projet, et il lui assurait l’approbation des chrétiens et des musulmans à propos de la question. En 1914 quand la Turquie a participé à la guerre et que Jamal Bacha se trouvait à Damas, les Turcs ont trouvé dans le bureau du consul français le texte de la lettre. En conséquence à cela, le lot de Nakhlé B. Moutran fut l’humiliation, la honte, l’exil et la mort[34].
Les réactions sur (cet accident)
Le consul français a exprimé son mécontentement personnel et celui de son pays du mauvais traitement auquel s’est exposé un notable chrétien de Baalbeck. De même le consul Italien à Damas a dénoncé l’évènement et exprima son grand regret pour ce qui est arrivé ; il rencontra le gouverneur ottoman à Damas et l’a mis au courant de son grand dépit du mauvais traitement avilissant qu’il a reçu de la part des forces ottomanes.
Sur le plan populaire, les milieux syriens ont montré leur dénoncement pour ce mal traitement auquel s’est exposé Nakhlé Bacha Moutran qui appartenait à une noble famille politique et qui avait un grand prestige à Istamboul, un grand mérite sur les « unionistes » ; il habitait aux banlieux fédéraliste de cette ville et quand s’est déclarée la révolution le 31 mars 1320 de l’hégire, Jamal Anouar, Talaat et Jawid se sont réfugiés dans le château de Nakhlé et restés chez lui jusqu’à la disparition du danger. Mais quand on a mis la main sur Nakhlé à cause de tout ce que nous avons cité, on l’a traité avec cette manière honteuse et avilissante. « Comme la meilleure gratitude ! »
Il faudrait encore signaler dans le domaine que le gouverneur (Moutassaref) Ohaness Bacha dînait à l’hôtel Kadri invité par l’un de ses amis, tout à coup une procession silencieuse traversait les rues de Zahlé à la lueur des bougies avec des pancartes où on avait écrit : « La Békaa est une terre libanaise ». Quand les Turcs se sont renseignés de l’organisateur de cette manifestation il leur a apparu que c’était Nakhlé Moutran. Alors ils ont décidé de l’exiler à Istamboul et quand on le fit entrer dans le train ils l’ont tué après l’avoir accusé d’avoir essayé de fuir des mains des soldats. Il a reçu le sort funeste que nous avons mentionné ci-avant.
L’attitude de Monseigneur Cyril el Moughabghab du « Grand Liban ».
A la fin de la première guerre mondiale, et au début de la conclusion du congrès de paix à Paris, les libanais en général et les Zahliotes en particulier revendiquèrent de nouveau « le Grand Liban ». Parmi les Zahliotes renommés dans ce domaine, il y avait Monseigneur Cyril el Moughabghab évêque de l’Eparchie du Furzol Zahlé et Békaa pour les grecs catholiques qui avait relevé les continuels mémorandums aux autorités nationales pour donner l’indépendance au « Grand Liban ». Le plus important mémorandum était celui qu’il a envoyé au premier ministre français Clémenceau en sa qualité de président du congrès de conciliation. Il y citait les nombreuses réclamations auxquelles aspiraient les libanais et les souhaits nationaux qu’ils voulaient acquérir incorporés dans une patrie indépendante qui ait toutes les ressources de la vie et de la perpétuité pour que ses habitants jouissent de la sécurité, du calme, du repos et de la prospérité[35].
Il faudrait signaler que le général Gouraud, quand il a déclaré à l’hôtel Kadri à Zahlé le rattachement des 4 districts (Caza) à la montagne le 31 août 1920, Monseigneur Moughabghab n’était pas encore retourné de Paris, Gouraud lui a envoyé un télégramme où il lui annonçait la réalisation des revendications auxquelles les libanais avaient rêvé si longtemps. M. Moughabghab… a répondu dans un télégramme d’où débordaient les apparences de joie, de remerciement et de respect pour ce pas grandiose et décisif pour l’avenir et qui conduirait à la naissance de « Grand Liban[36] ». Le 1er septembre 1920 le général Gouraud a annoncé du château des pins à Beyrouth et dans une célébration officielle et nationale la naissance du « Grand Liban »[37].
- La déclaration du « grand Liban »
La bataille de Maysaloun était décisive et nécessaire selon l’avis des français pour accomplir la domination sur la Syrie intérieure, cette attitude était claire d’après les pourparlers entre Gouraud et Sateh Houssari porteur du billet d’admission des conditions françaises au Général qui se délia de ses promesses de ne pas attaquer militairement au cas où ces conditions seraient acceptées – comme nous l’avons signalé ci-dessus[38].
Sur cela bataille de Maysaloun a engendré les conséquences qui détermineraient l’itinéraire politique pour les pays syriens pour de nouvelles années futures, si ce n’était seulement pour les années du mandat, ce serait pour toute les époques d’indépendance pour la Syrie et le Liban. Des résultats de cette bataille, nous citons :
- La condamnation du « Gouvernement arabe » à Damas et la réduction du rôle des unionistes dans ce gouvernement.
- La domination française et la détention du pouvoir pour ceux qui soutenaient le mandat en Syrie et au Liban.
- La préparation de la voie devant la réalisation des ambitions des séparatistes de la « Grande Syrie » en détachant les villes côtières et l’intérieur libanais puis en les rattachant à la montagne sous la tutelle du gouvernement français et sous la directive chrétienne alliée et même soutenant le mandat français qui lui a facilité la réalisation de ses ambitions politiques par la création d’un état chrétien dans cette région arabe avec tout ce qui va en découler comme déséquilibre dans la démocratie appliquée totalement au « Petit Liban » pour l’intérêt des maronites, devenant avec le « grand Liban » intérieur islamique, source de problèmes de crises politiques poursuivies et continuelles tout au long des années du mandat, et durant les époques d’indépendance qui suivront.
Ainsi l’idée qui appelait à un « grand Liban » s’est transformée en réalité visible et concrète, après la condamnation du dernier espoir des unionistes, et elle a augmenté les mouvements politiques entre le Liban et Paris, d’où le verdict du haut-commissaire français le 3 août 1920 numéro 299 ordonnant la séparation des quatre districts de Baalbeck, la Békaa, Hasbayya et Rachayya de la Syrie et leur rattachement à partir du 2 août 1920 au Liban comme préparation à la séparation du Liban avec la Syrie, et la création d’un état indépendant nommé « Grand Liban » ayant Beyrouth pour Capitale.
C’est ce qui a été écrit dans l’exemplaire numéro 147, date du 16 août 1920 dans le journal officiel « la nouvelle capitale » à propos de ce rattachement. Dans son livre « vérités libanaises »[39].
Béchara el Khoury a énoncé le contenu du texte du verdict :
Article premier : Rattachement des districts (Caza) de Hassbayya, Rachayya, Baalbeck, la Békaa et Mouallaka au Liban en ce qui concerne son régime administratif.
Article Deux : Le gouverneur du Liban utilisera tous les moyens nécessaires pour rattacher administrallement les districts mentionnés à l’administration centrale de son pays, et enverra au délégué administratif toutes les propositions soit au niveau de l’organisation administrative financière, judiciaire dans les districts rattachés soit au niveau des postes qui garantissent le fonctionnement des intérêts locaux de façon urgente…
Dans une perspective sur le plan de la réalisation du rêve des amis des français et l’augmentation de leur tranquillité le premier ministre Millerand a envoyé le 24 août 1920 à monseigneur Abdallah el Khoury secrétaire du patriarche des maronites et chef de la troisième délégation libanaise au congrès de Paris une lettre où il assurait la volonté de la France à élargir les frontières de la montagne. Dans cette lettre, il pensait au verdict de grand numéro 299 daté le 3 août 1920 qui ordonnait la séparation des 4 districts de la Syrie.
Donc, et en exécution des verdicts 299 et portants des conseils de Millerand pour la nécessité de légaliser le rattachement d’une façon officielle, Gouraud a émis un verdict du numéro 318 daté le 31 août 1920 demandant la séparation du Liban de la Syrie et la création de l’état du « Grand Liban » à partir du 1er septembre 1920.
Pour exécuter cela, il fallait rendre au Liban ses régions naturelles comme l’avaient résumé ses représentants, et l’avaient réclamé ses habitants. Il fallait que le Liban qui fut créé ainsi au sein de ses limites naturelles ait le pouvoir de poursuivre en tant qu’état indépendant et avec l’aide de la France, le programme qu’il avait organisé d’une manière qui assure le traitement des problèmes fondamentaux et économiques. Pour toutes ces raisons, il a été décidé :
Article 1 : Sous le nom de « Grand Liban » fut créé un pays qui contient :
- Le département du Liban administratif actuel (Moutassarrifia).
- Les districts de Baalbeck, Békaa, Rachayya, Hassbayya comme l’énonce le verdict No 298 le 3 août 1920.
- Les parties du Wilayat de Beyrouth (province) précisées ci-dessous :
- La province de Saida à part la portion donnée à la Palestine suivant des accords internationaux.
- La province de Beyrouth.
- Une partie de la province de Tripoli qui englobe le district de l’Akkar au sud du « Nahr el Kabir » et le district de Tripoli… une partie du district « Bassin des Kurdes » au sud des limites du grand Liban Nord, comme il est indiqué dans l’article 2 de ce verdict.
Article 2 : Les frontières du « Grand Liban » ont été fixées comme suit, avec la réserve au sujet des changements des frontières du Sud qui se réglera dans l’avenir.
Au Nord : la ligne Wadi Khaled et l’Arnat- fleuve du Assi (Oronte) passant par les villages forme de Irsana, Hayett, Obeij et Fayssal, à la hauteur des villages de Brigha et Mettrayya. Cette ligne suit le district de Baalbeck nord, se dirigeant du Nord-Sud au Sud-Est, puis vers les limites districts de Baalbeck, Hassbayya et Rachayya orientales.
Au Sud : les frontières palestiniennes comme les accords internationaux l’avaient fixé.
A l’ouest : La mer méditerranée.
L’exécution de ce verdict débutera à partir de 1er septembre 1920. La sécurité générale et le chef de l’inquisition (inspection) administrative devront accomplir ce qui les concerne pour l’exécution de ce verdict.
Beyrouth le 31 Août 1920
Signature : Gouraud[40]
Après ce verdict du 31 août 1920 Gouraud a célébré avec le Patriarche E. Howayyeck et le Mufti de Beyrouth une fête, annonçant la naissance de « Grand Liban » dans un mot prononcé au château des pins, pour cette occasion. Dans son discours il insista sur ce que nous avons déjà signalé, que le jour de Mayssaloun était l’entrée principale pour la réalisation du « Grand Liban » et l’étendue de la domination française[41].
Mais ce verdict aussi a laissé les éléments de l’explosion dans la crise, et a insisté sur la suprématie (prédominance) maronite dans le but d’un chantage des libanais à travers les conflits entre eux. Ceci va être certain dans les élections présidentielles de 1929. Le Cheikh Mohamed el Jisr présenta sa candidature pour ce poste comme une tentative d’union incorporée de la part des musulmans dans cette nouvelle entité, mais en vain, et cela au sein des conflits pour le pouvoir, à la vue des Français convaincus par ce qui passait au sujet de la politique de leur mandat tranquilles envers leur dominance et leur pouvoir de diriger ce conflit qui était un résultat naturel à la déclaration du « Grand Liban » et ce qui l’a accompagné comme réactions différentes et distantes même dans un groupe unique[42].
- Les réactions contre la déclaration du « Grand Liban »
La grande joie exprima la position des chrétiens vis-à-vis de la déclaration car elle a réussi à les séparer de la Syrie tant qu’elle leur permettait de s’éloigner d’elle[43].
Mais un autre phénomène tout nouveau commença à surgir à la surface de la crise et du conflit, c’était la transformation qui survint sur le courant appuyant le « Grand Liban » et qui vint proposer le problème maronite devant le pouvoir, de peur de se dissoudre dans la société nouvelle, après le déséquilibre qui résultat dans l’équation démographique contre l’intérêt de cette catégorie.
Après le discours de Gouraud où il déclara le « Grand Liban » les maronites et à leur tête le patriarche El. Howeyyeck redoutèrent ce « Liban » que leur majorité a réclamé auparavant. Après les organisations administratives, les idées contraires à l’arabisme continuaient à influencer sur la majorité des chrétiens, surtout les maronites qui étaient considérés comme une parcelle de la civilisation occidentale, une très grande partie d’entre eux croyaient au non-arabisme du Liban. Par contre les musulmans croyaient que le Liban formait une partie indivisible du grand monde arabe, surtout les habitants de Tripoli qui réclamaient l’’unité avec les autres pays arabes.
Une autre attitude chrétienne a surgi durant cette période, dans la lettre de Sleiman Kanaan ex-membre du « conseil administratif » de la montagne à Lord « Kozon » ministre des affaires étrangères le 17 février 1922 où il revendiquait l’indépendance du Liban sous le drapeau Britannique… afin qu’il devienne une patrie pour tous les chrétiens en Syrie et en Orient et qu’ils fassent pour l’Angleterre. Il serait de leur intérêt qu’ils fassent sous sa tutelle et qu’ils bravassent la mort sous son étendard car les habitants de tous les autres pays étaient des musulmans et il était normal qu’ils méconnaissent ses bienfaits au contraire des habitants du Liban.
En outre, le « Parti général des ouvriers » fut fondé au Liban en 1920. On reconnaissait parmi ses membres Saadé el Hani, Charles Sursock, Ibrahim Assouad ex-membre du « Conseil administratif » de la montagne, Habib Tabet, et Mohamed Hamadé. Son programme contenait les points suivants :
- La défense du drapeau Libanais composé des couleurs françaises avec le cèdre libanais.
- La défense de la politique française en Syrie. La politique de ce parti et ses principes consistaient à défendre les droits français. Ses chefs essayaient toujours de faire Valloire la légitimité et coordonnaient avec l’administration du mandat français d’une façon impeccable.
Il est remarquable qu’après la déclaration du « Grand Liban », les partis appuyant le mandat français et travaillant au sein de la politique française s’activèrent beaucoup et en plus du « parti du travail » et le « club Arabe » à Damas, nous avons vu se fonder en décembre 1920 « le parti de l’union et du progrès » qui contenait dans son programme politique l’appui et la protection politique du « Grand Liban » contre les appels unionistes, et sous la tutelle et l’aide du mandat. Ses principaux membres étaient : Michel Chiha auquel on confiera dans l’avenir l’écriture de la constitution de 1926, Béchara el Khoury et Alfred Naccache. Ce parti était totalement maronite, appuyé par les jésuites Parce qu’il est leur égard…il deviendra le trait d’union entre le gouvernement et la nation libanaise, de même entre toutes les confessions religieuses[44]. Mais, malgré le grand nombre de ces partis tournant dans l’orbite de la politique française et son service, le général Gouraud a créé un certain équilibre, mais toujours fragile et tendre, entre les confessions libanaises, même celles qui appuyaient la politique française, et cela pour assurer les intérêts particuliers de la France.
Sa politique se résuma dans deux principales orientations :
- Frapper le courant unioniste par l’éxil ou le jugement par défaut.
- Frapper les revendicateurs de l’indépendance totale du Liban.
Le haut-commissariat français a défini les traits de sa politique entre les deux parties du conflit au « Gand Liban » selon ses intérêts et ses buts. Il était contre les réclamateurs de l’indépendance totale et la séparation avec la Syrie, et contre l’unité totale et la fusion avec la Syrie, et cela pour sauvegarder les relations économiques qu’il considérait comme une affaire vitale en Orient.
Longreig assurait ce phénomène dans la politique française quand il parlait du principe du mandat et de sa reconnaissance publique de la part de la « société de Nations » en mars 1921[45].
Cela en ce qui concerne les réactions françaises et chrétiennes autour de la déclaration. Quelle était donc la vérité de la position islamique et unioniste autour de la déclaration ? C’est ce que nous devons étudier pour la signification d’un courant qui s’éloignait beaucoup de la politique française. Ce courant a-t-il terminé ses activités pour répondre à l’appel de l’union à l’état nouveau ? Quels pas a-t-il fait pour réduire l’importance de la déclaration ? Comment s’est-il intégré dans le cercle du nouveau Liban ?
Le courant unioniste a poursuivi son opposition à la séparation de la Syrie ; les libanais unionistes n’arrêtèrent pas leurs actions pour s’unir aux pays syriens parce qu’ils croyaient aux méfaits de la séparation sur les plans, national, politique, géographique, économique, historique et même linguistique. Cela signifiait que les réclamations unitaires ne cessèrent pas, mais, les réactions contre la déclaration étaient violentes et puissantes. Elles ne s’astreignirent pas seulement sur les régions rattachées au « Petit Liban » pour les rattacher à la Syrie. Gouraud se heurta très rapidement à la demande « de l’unité Syrienne » et l’appel à la grène. Une délégation s’est orientée vers Baabda présidée par Sélim Ali Salam pour le rencontrer le premier septembre 1920. On lui présenta les réclamations des musulmans et unionistes qui exprimaient leur refus à s’unir au « grand Liban » ou à accepter « l’identité libanaise »[46]. Après cela les évènements se poursuivirent, et des partis nouveaux se créèrent pour s’opposer à la présence de la France. A l’intérieur, on vit naitre le parti « Ittihad démocratique » qui envoya un mémorendum dans ce sens à la France à l’Angleterre en décembre 1920 et à la «Société des Nations »[47]
Ceux qui appelaient au refus sentirent la liberté de l’action politique en dehors de leur pays, ils se rallièrent autour de l’idée de « l’unité syrienne » s’éloignant de la devise de l’unité arabe totale qui était posée en début de la « grande révolution arabe » et ils donnèrent alors à leur parti, le nom de l’ « Ittihad-El – Souri » ou l’« unité syrienne »[48].
Les chefs des partis et des confédérations répondirent à cet appel et se sont invités à conclure leur congrès le 7 août 1921. A la suite ils ont émis leurs décisions qui réclamaient l’unité des pays syriens et le départ de toutes les forces étrangères.
Parallèlement à ce congrès il y avait un autre pour la partie nationale libanais » présidé par Habib Boustany et Michel Zakkour comme membre, en Egypte en avril 1922. Les congressistes ont attaqué avec violence la présence française au Liban ; c’était un signal que le parti acceptait le principe d’un « Grand Liban » mais loin du pouvoir mandataire[49].
Mais cette opposition n’était pas sans dangers et positions hardies contre le mandat français. La tentative de l’assassinat du général Gouraud le 23 juin 1921 par les Chiites de jabal Amel dirigée par kamel Assaad et qui causa la mort de son interprète, était une tentative intrépide sur la voie de l’affrontement de l’occupation française à travers un sursaut contre elle. Mais on a pu l’étouffer facilement[50], à part cela l’opposition populaire intérieure n’a pas dépassé le mouvement de certaines bandes, ici et là dans les régions abruptes de la montagne que l’autorité française ne pouvait atteindre et poursuivre, telles que la bande de « Adham Khanjar », « Sadek Hamzé », et « Abou Ali Melhem Kassem » dans la Békaa et d’autres. Ici, il est nécessaire de signaler que le mot « bandes » à cette époque ne signifiait pas « bandits ou brigands » et chefs de quartiers comme il est convenu de nos jours, mais elle avait le rôle d’un mandement d’opposition nationale armée contre l’autorité mandataire. Cela apparaitra clairement à travers le rôle que va jouer ces bandes dans la « grande révolution syrienne » en 1925. Mais l’action la plus capitale de l’opposition nationale effective à la séparation de la Syrie, était loin des frontières Syro-libanaise, c’est-à-dire loin du poing de l’autorité française, surtout dans la large présence des citoyens syriens dans le monde de l’émigration exerçant leur rôle de soutien de la cause de leur pays à travers des comités nombreux et actifs formés en Egypt., Palestine, France et d’autres pays de l’Europe occidentale et aussi quelques villes de l’Amérique du nord et du Sud…
Ces comités, disait Longreig, ont persévéré à émettre des jugements sur les affaires publiques de leurs anciennes patries, et sur l’envoi des télégrammes à Genève. Paris ou Beyrouth pour soutenir les politiques qu’ils trouvaient convenables pour la Syrie et le Liban, mais tous ces comités n’égalisèrent point dans leur importance la place du congrès Palestino-Syrien installé en Egypte, et son comité exécutif qu’il avait désigné dans ce congrès réuni en août 1921 par l’initiative de l’Emir Michel Loutfallah et le cheikh Rachid Rida. Il y a eu plusieurs réunions. Parmi ses membres principaux on reconnaissait Chakib Erslane, Moussa Kazem bacha Husseini, Abdel Kader Mouzaffar, Sleiman bacha Kanaan, et Issam Jabri. Il y avait eu de nombreuses protestations de la part des maronites et du conseil représentatif à Beyrouth contre les opinions exprimées par le congrès absent et non représentatif selon leurs prétentions[51].
C’est pourquoi les autorités françaises, et dans une tentative pour développer les nouvelles ambitions islamiques, ont promis de faire un recensement d’une façon convenable. Le consul britannique a remarqué qu’il y avait un réveil remarquable des musulmans inquiets qui ont montré la nécessité d’établir l’égalité… En fait[52] le recensement a été fait le 17 janvier 1922 d’une manière globale et générale. Ses résultats ont raffermi les réclamations des musulmans qui aspiraient à obtenir leurs droits dans les services publics à la même proportion que leurs devoirs et leur nombre, et ont nourri parmi eux l’ambition au poste de la présidence de la république. Mais toutes ces aspirations se sont vite heurtées avec la politique de l’état du mandat impérialiste. Les résultats de ce recensement ont montré une supériorité des musulmans malgré les falsifications survenues. Ils étaient de la façon suivante :
Chrétiens 230 000
Musulmans 285 000
Druzes 43 000
Juifs 3 500
Syriens et étrangers[53] 20 000
Les français ont fait suivre à ce recensement des élections représentatives en Avril 1922. Les places ont été divisées entre les confessions, la première réunion du « conseil représentatif » s’est tenue le 25 mai 1922 ; le premier président était Habib Bacha es-Saad, un maronite fanatique pour l’autorité française. Ce conseil comptant 16 places pour les chrétiens (10 maronites, 2 catholiques, 4 orthodoxes), 13 places pour les musulmans (6 sunnites, 5 métoualis, 2 druzes), une place pour toutes les minorités sans distinction[54].
Dans un communiqué envoyé par les habitants du littoral musulman au Général Weygand qui a remplacé le général Gouraud en 1923, ils réclamaient le retour à « l’unité syrienne »[55].
Le 5 janvier 1925 un nombre des grands musulmans se réunirent dans la maison de « l’œuvre de bienfaisance des Makasseds Islamiques » et réclamèrent la séparation du Liban et le rattachement à l’unité syrienne suivant la règle de la décentralisation. Ainsi firent les habitants de Saida. Quant aux habitants de Tripoli, ils ont demandé la séparation totale et l’union totale à la Syrie sans lien ni condition ; les habitants de Jabal Amel ont porté un communiqué au haut-commissaire français où on lisait : « Nous, habitants de Jabal Amel depuis notre rattachement au Liban nous ne cessons de sentir la perte pour nous et le gain pour lui. Nous payons les impôts mais il ne dépense qu’une faible somme pour nous, alors qu’on voit notre droit lésé, sans nous octroyer un nombre de fonctions que nous méritons. Pour cela nous demandons de nous séparer du Liban en créant une administration indépendante… » Ainsi nous voyons, à travers ce que nous avons cité que l’autorité du mandat s’efforçait à planter la discorde même dans l’état qu’elle a soigné et va naitre, pour faciliter son gouvernement et la possession de ses richesses et pour sauvegarder l’intérêt supérieur de la France. Nous voyons aussi que l’intégration des musulmans dans l’état nouveau était sur des bases règles instables et disparates, différentes des bases désirées par ceux qui ont fait le « Grand Liban ». Et cela va laisser la porte du conflit ouverte à deux battants pour faire pénétrer les tempêtes des crises et des divisions en cours de la vie de cette petite patrie[56].
Il est bon de signaler que l’expression : « Etat du Grand Liban » n’a cessé de s’employer pour désigner le Liban jusqu’à 1926 quand on l’a changé par « république libanaise » après la déclaration de la première constitution libanaise en mai 1926, on élut alors Charles Dabbas comme premier président de la république, et cette nomination est restée valable, jusqu’à nos jours.
Bibliographie
- Al Hosri, Sateh « Le jour de Mayssaloun » 2ème Edition Beyrouth, Dar al Kitab
- Docteur Hallaq, Hassan « Mémoires de Sélim Ali Salam » 1868-1938
- Docteur Hallaq, Hassan « Le congrès du littoral et des 4 districts », 1936 Documentsdes congrès unionistes depuis 1920 jusqu’en 1936 « Maison universitaire pour imprimerie et édition » 1983
- Al Hakim, Hassan-«Les documents historiques autour du nationalisme syrien durant les deux périodes arabe de Fayçal et le mandat français 1915-1946 » Beyrouth, Dar Sader 1974
- Al Khoury, Béchara « Vérités libanaises » Beyrouth 2ème édition 1983
- Takieddine, Sleiman « l’évolution historique du problème libanais » Dar Ibn Khaldoun 1ère édition 1977
- Hamadé, Mouhib « L’histoire de la relation des habitants de la Békaa avec les Syriens, et la stratégie de la Békaa dans les affrontements syrio-israéliens 1918-1926 » 1ère édition.
- Hitti, philippe « Histoire du Liban », 3ème édition, Dar Assakafa, Beyrouth, 1978.
- Docteur Hallaq, Hassan « Les courants politiques au Liban 1943-1957 » 1ère édition institut du développement arabe.
- Saouda, Youssef « histoire du Liban » 2ème édition Dar Al Nahar, Beyrouth, 1979
- Daher, Massoud « histoire sociale du Liban 1914-1926 » 2ème édition, Maisons des éditions orientales, Beyrouth 1984
- Korbane, Melhem « histoire politique du Liban moderne » 2ème édition, Beyrouth, 1989
- Docteur Kowtharany, Wajih « Les orientations sociales et politiques au Mont-Liban et à l’Orient Arabe 1860-1920 » 3ème édition Beyrouth Institut du développement arabe.
- Longreig, Steven « La Syrie et le Liban sous le mandat français » 1ère édition, Maison de la vérité, Beyrouth, 1978.
- « Papiers Libanais », Youssef Ibrahim Yazbeck, 2ème partie 1957.
Table de matière
Introduction :
Chapitre Premier : Les traits du « grand Liban »
- Le gouvernement arabe à Damas
- Le point de vue français. (L’attitude)
- Les points de vue de la politique locale et régionale aux congrès de paix.
- Les mouvements des unionistes.
- Les points de vue libanais sur l’unité et la séparation.
Chapitre deuxieme : La déclaration du « Grand Liban »
- Des évènements survenus avant cette déclaration en 1920
- La déclaration du « Grand Liban. »
- Les réactions contre la déclaration du « Grand Liban »
Bibliographie
[1] Khater, Lahed, l’époque de la Moutasarifiya au Liban, 2ème éditioon, p. 23 – « Zahlé El Fatat », numéro du jour de l’an 1983 – 1984, édition spéciale intitulée : « Zahlé la pionnière de la revendication du Grand Liban », p. 21, Hallak, Hasan, les courents politiques au Liban, p. 41.
[2] Hallak, p. 47 – Lahed Khater pp. 197-198-201-202- Al Housari, Sateh, “la bataille de Maysaloun” pp. 62-63- Hmadeh Mouhib « la relation des habitants de la Bekaa avec les syruiens ». 1ère édition. P. 23
[3] Al Housari pp. 56-57, 66-67 – Daher Massoud, « l’Histoire du Liban social » 2eme édition, p. 259
4 Hallak, pp. 42, 43 Hallak, pp 43, 45.
[4] Hassan Hallaq Idem p. 46
[5] Sateh el-Hosri idem p. 74
[6] Sateh el Hosri. Idem p. 66
[7] Steeven, Longreig – “LaSyrie et le Liban” Dar el Hakika, 1ère edition P. 150
[8][8] Massoud Daher Idem p 261
[9] Massoud Daher – idem p 266
[10] Massoud Daher idem p. 270-271
[11] Sateh el Hosri idem p. 82
[12] Wajih Kawtharany idem p. 327
[13] Mouhib Hamadé idem p. 37
[14] Mouhib Hamadé idem p. 37-38
[15] Mouhib HamadMouhib Hamadé idem 39-40
[16] Sateh el Hosri idem. P. 207 – 2011 Hassan Halleq idem. P 200 – Sleiman Taki eddine idem. P 23-24 Mouhib Hamadé idem p. 46-47
[17] Wajih Kawtharany idem p. 343. Hallaq Hassan congrès du littoral et des 4 cazas 1936, p. 16-17. Sateh el Hosri idem p. 242
[18] Al Hosri p. 246
[19] Lahed Khater idem. P. 195-196
[20] Wajih Kawtharany idem. P. 342-343
[21] “Papiers Libanais” Youssef Ibrahim Yazbeck 2ème partie. P. 539-540 Youssef es-saouda “Histoire du Liban civilize” edition II 1979 Dar el Nahar p. 254-256
[22] Mouhib Hamadé idem. P.53
[23] Mouhib Hamadé p. 53,68
[24] Longreig idem p 118 Massoud Daher idem p. 263
[25] Massoud Daher P. 263
[26] Youssef Saouda idem p. 264 p. 258
[27] Youssef Saouda idem. P. 356
[28] Massoud Daher idem. P 264
[29] Wajih Kawtharany idem. P. 344
[30] Hassan Hallaq, “les courants politiques” p 53
[31] Sateh Hossri p. 290-292
[32] “Zahlé-al-Fatat” p. 21-23
[33] “Zahlé-Al-Fatat” p. 24
[34] Zahle-al-fatat” p. 24-25
[35] “Zahlé-Al-Fatat” p. 25-26
[36] Zahlé-Al-Fatat p. 26 “Revue Al Wadi Noel 1985 jour de l’an 1986 p. 21
[37] Zahlé-Al-Fatat p. 26 – “Revue Al Wadi No de Noel 1985 et le jour de l’an 1986 p. 21
[38] Sateh Hossri p. 121-123
[39] Longreig idem p. 141
[40] Hassan el Hakim p. 251-252
[41] Hassan Hallaq “les courants politiques p. 57
[42] Melhem Korbane idem. P. 186
[43] Hassan Hallaq “les courants politiques” p. 58
[44] Massoud Daher p. 272 – 279 – 274
[45] Longreig idem p. 18- congrès de la côte et des 4 districts, 1936 Hassan Hallaq p. 18 éditions université libanaise 1983
[46] Massoud Daher idem p. 272 – 279 – p 276 – 277
[47] Hassan Hallaq Memoires Sélim Salam p.6 – Massoud Daher p. 284
[48] Massoud Daher p. 282
[49] Massoud Daher p. 283
[50] Massoud Daher p. 282 – 283 Lon
[51] Longgreig p. 183
[52] “Mémoires de Sélim Ali Salam” idem p. 163
[53] Sleiman Takieddine idem. P. 32 Longreig p. 163
[54] Longreig p. 163
[55] Congrès du litoral Hassan Hallaq p. 18
[56] Sleiman Takieddine idem. P. 33