Joumana ABBOUD [1]
Introduction :
“Le pays des cèdres, est-il le message du monde?”
“Le Liban plus qu’un pays c’est un Message dans le monde” comme le disait le Pape Jean-Paul II.
En fait, Le Liban, le pays des cèdres « Arz el’Rabb » petit par sa superficie mais très grand par sa générosité naturelle, matérielle et surtout spirituelle.
Depuis l’antiquité avec toutes les évolutions, il a été le berceau des civilisations à travers plusieurs communautés assyro-babylonienne, égyptienne, hittite, perse, grecque, romaine, Byzantine, conquête arabo-musulmane, croisades, mamelouks, ottomans, mandat français, jusqu’au début du XXe Siècles s’y ajoutent des réfugiés arméniens, des palestiniens , iraquiens et des syriens…
Cette diversité des communautés avec leurs différences culturelles et religieuses y a trouvé “une terre de refuge et de liberté” tout en formant une certaine symbiose intercommunautaire qui semble harmonieuse sans les influences étrangères.
Cette entente est due à cet amalgame entre chrétiens, musulmans et autres communauté libanaises qui ont vécu les mêmes circonstances et ont les mêmes croyances, la même foi d’honorer le bon Dieu et surtout la Sainte Vierge qui est l’idole et le symbole spirituel du Liban. Nous attachons une grande importance mutuelle à la spiritualité qu’aux mœurs et aux coutumes figées et terrienne, d’où le message pour le monde entier.
L’influence de la société concernant les adorations des chrétiens ?
La rencontre des cultures et des religions de l’Islam et du Christianisme, des civilisations de l’Orient et de l’Occident, des européens et des arabes, des iraniens et des américains, tous ont trouvé leur embarcadère au Liban, non seulement pays des Saints et des miracles mais aussi le christianisme a débuté chez nous.
Le premier miracle du Christ a eu lieu à Cana au sud du Liban où il a transformé l’eau en vin et l’attente de sa mère la Vierge Marie à Maghdouché.
Puis il prit son essor dans nos vallées libanaises des Saints « Wadi Kannoubine », des grottes et des monastères mystiques où ont vécu les ermites, Saint Maron, Saint Antoine de Kozhaya, Sainte Morino, Saint Charbel Makhlouf, Saint Naamtellah Hardini, Sainte Rafca, les bienheureux Stephan et Antoun Tarabay, Père Yaacoub le capucin qui a fondé des hôpitaux, des écoles et des asiles au niveau de tout le Liban et pour tous les libanais sans exception.
Non seulement les maronites sont représentés mais aussi les grecs orthodoxes à Deir Hamatoura et à Saydet Nouriyeh, on a aussi retrouvé des fresques byzantines a Maad région de Byblos, à Bhadidat au nord du Liban et au sud du Liban, on retrouve deir l’mkhalles pour les grecs catholiques.
Sans oublier, nos congrégations libanaises, les missionnaires étrangers, les groupes de prières, les légions de Marie et les associations catholiques diverses.
Citons les Pères libanais, les Antonins, les Jésuites, les lazaristes, les Capucins, les Maristes, les Franciscaines, les Besançons, les charismatiques, les focolaries, … qui ont tous contribué à propager dans le milieu des jeunes, la culture, la foi, l’éducation et surtout l’union de tous les libanais.
En fait, l’adoration et la croyance de Notre Dame du Liban qui est honorée par tout le monde est le point d’union des libanais et étrangers qui y vivent et qui visitent notre territoire.
L’église est sous pression ; d’où viennent ces crispations ?
Actuellement, l’église vit un grand défi, elle est tiraillée entre la diversité, la complicité et la parole de Dieu. Elle est sous pression et subit les conséquences de tous les conflits sur tous les points de vue… Des crispations sont dues aux tensions diverses, des menaces multiples, des attaques contre les chrétiens du monde arabe et du moyen orient en commençant par les massacres des chrétiens libanais pendant la guerre civile, aussi bien des irakiens, jordaniens, syriens et égyptiens…
L’église libanaise se sent responsable de la protection de ces massacres et de ces martyrs toute fois, elle se trouve perplexe, les mains menottées et n’arrive pas à penser ou agir à voix haute car elle est dictée par ses convictions chrétiennes.
A ne pas oublier que l’Église est une réalité indissociablement humaine et divine, et se contente d’agir sur la seule dimension humaine.
Elle se trouve dans une situation critique de prendre la parole ou se taire, passer à l’action ou s’abstenir, prendre part ou vivre à l’écart, participer ou s’éloigner, prendre ses précautions ou se lancer, sauver les chrétiens de la région, héberger les émigrants chrétiens refugiés qui sont en danger et qui ont été persécutés dans leurs pays… Tout cela l’accapare et la préoccupe ?… Elle se trouve parfois paralysée et attaquée !
Cependant beaucoup de groupes de prière, d’orientation, d’initiation, de protection sont fondés pour toutes les communautés pour guider et sensibiliser les gens à la solidarité, la sagesse, l’empathie et surtout l’amabilité.
Vivre ces moments difficiles ne lui ai pas du tout facile, dans l’attente d’un miracle qui nous sauve de ce pétrin et de cette crise sans fin !!
Le synode peut retrouver la sérénité?
En fait, le synode a une grande importance sur la situation des chrétiens, que ce soit au Liban, en Syrie, en Irak et en Terre sainte ou ailleurs. Il fait de son mieux dans l’espoir de trouver une solution apaisante pour les chrétiens du moyen orient.
En fait, ce problème est l’un des « sentiers battus » de la réflexion chrétienne sur lequel il sera difficile d’apporter du nouveau. En outre, en raison des causes de l’émigration, qui touchent à la nature des États du Moyen-Orient et à la politique arabe et internationale, le nombre des chrétiens en nette régression, des stratégies doivent être appliquées pour sauvegarder l’existence de ces chrétiens devenus minoritaires partout après cette invasion islamique.
En fait, pris à leur propre vertige, les spécialistes évoqueront le déclin numérique des chrétiens, en annonçant par exemple d’après la lettre du Synode de l’Orient Le jour *« qu’au Liban, en 2050, ils ne seront plus que 12 % de la population, sans se rendre compte que l’histoire n’est jamais linéaire, et que s’il y a des tendances générales, il y a aussi des ruptures et des inversions ».
Or, si l’on préserve sociologiquement l’Église et qu’on ne la renouvelle pas, on n’a – presque – rien fait. Il est insuffisant de regarder seulement le chiffre des départs des chrétiens d’Orient, en oubliant par exemple celui de la fréquentation des sacrements par les jeunes, ou le nombre de mariages en difficulté aussi bien le nombre de naissance, au plus un enfant par famille chrétienne contre une douzaine dans les autres confessions. Car ces défections ou ces démissions sont aussi des « départs ». Ce sont ici les problèmes de la « nouvelle évangélisation ».
À ce niveau, l’Église doit- elle relever le défi politique, culturel et par conséquent philosophique du « relativisme éthique », devenu planétaire, qui se propose souvent comme « un autre évangile » ?
Finalement, le synode fait de son mieux pour aider à résoudre cette crise interminable. Dans l’espoir de retrouver la sérénité !
La lettre du Synode de l’Orient Le jour du 20 janvier 2019
[1] Professeur et formatrice en pédagogie