Vocation, apostolat, appel, mission, sacerdoce ministériel, sacerdoce général, vie consacrée, etc., des termes de base de notre foi, voire des clefs d’interprétation et de construction chrétienne d’une vie; et pourtant ?! Peu de jeunes les connaissent à fond et les intègrent dans leur projet de vie.
Or “Etre” chrétien n’est ce pas faire une prise de conscience de sa vocation d’être enfant de Dieu appelé à l’amour, à la sainteté et à l’apostolat quel que soit son chemin vocationnel particulier?
Le processus de socialisation chrétienne en termes d’éducation catéchétique, de vécu paroissial, de témoignage familial et d’expérience individuelle intègre les termes clefs pour constituer un projet de vie par et pour la foi.
C’est dans cette lignée réflexive que se positionne l’Association des Apôtres maronites libanais. Elle vise la mission éducative tant formelle qu’informelle et la proclamation de la Parole par le témoignage.
La mission, entre le sens et le vécu
Une recherche sur l’engagement chrétien a montré que peu de jeunes catholiques se considèrent être concernés par la notion de vocation. Pour eux, seules les personnes consacrées et les prêtres sont appelés et choisis par Dieu. C’est ainsi que les deux notions de consécration et d’appel vocationnel sont presque exclusivement réservées aux religieux, religieuses et prêtres.
Or, comment un jeune pourra-t-il prendre conscience de la part missionnaire dans sa vie en dehors d’une connaissance structurée de ladite part? Est-ce que nos jeunes savent que nous sommes tous appelés par Dieu à l’amour, à la sainteté et à l’apostolat?
Est-ce qu’ils savent que Dieu appelle toute personne et toute la personne à vivre les composantes de la vocation globale et de tracer à travers elle leur chemin vocationnel particulier?
Est-ce qu’ils savent que la mission est une composante vocationnelle de tout chemin de vie? Est-ce qu’ils savent que l’engagement chrétien est une concrétisation de la vocation globale et de la vocation particulière? Et si l’engagement est une réalisation opérationnelle de la vocation chrétienne, et puisque la mission est une composante de la vocation globale à travers l’appel à l’apostolat, tout engagement chrétien est donc missionnaire, aussi bien pour les clercs, les religieux, les religieuses et les laïcs.
L’expérience d’enseignement de centaines de jeunes universitaires montre ce qui suit:
- Les jeunes universitaires qui ont fréquenté, dans leur majorité des écoles catholiques, et qui ont eu, environ 1160 heures de catéchèse tout au long de leur parcours scolaire, n’ont pas une idée exacte claire de ce qu’est une vocation chrétienne et en quoi elle les concerne.
- L’appartenance à l’Eglise est ainsi plus traditionnelle et parentale que convictionnelles.
- La perception de la communauté penche plus vers le cloisonnement que vers la connaissance du “soi communautaire” dans une perspective d’ouverture. Les jeunes penchent donc plus vers le communautarisme que vers l’appartenance fonctionnelle par la foi à la communauté
- Le vécu pratique et rituel de la foi penche plus vers la piété et l’activisme que la focalisation sur la vie sacramentaire.
Face à cet état des lieux succinct, le sens de la mission parait ne pas être clairement dessiné. Or, l’Association des missionnaires maronites qui gère un grand nombre d’espaces éducatifs et pastoraux pourrait alors œuvrer à cibler le sens de la mission sur la totalité de ses bénéficiaires et de diminuer le poids de l’exclusivité accordée aux clercs et aux personnes consacrées quant à la part de la mission dans la vie de toute personne baptisée.
De plus, l’espace missionnaire n’est pas nécessairement loin de l’environnement direct de toute personne. Jésus nous a demandé de rechercher le prochain dans son entourage. C’est ainsi que la mission se vit en tout lieu et en tout temps et par toute personne quel que soit son statut vocationnel ecclésial. Toute action menée à partir de la foi chrétienne est missionnaire.
Missionnaires de la Maronité
Etre dans le monde entier des “Missionnaires maronites” n’est pas un pur hasard. Cela ne peut être qu’une stratégie divine pour développer et perpétuer les composantes de la Maronité ecclésiale, spirituelle et socioculturelle en tout espace et en tout temps. Pour ce faire, les missionnaires maronites ont à tracer les contours plus ou moins clairs des composantes de la Maronité et d’en programmer la diffusion adaptée. La dite diffusion peut adopter différents outils et différentes méthodes pour porter les jeunes à s’approprier des composantes de la Maronité.
La génération actuelle de missionnaires maronites peut assumer le rôle de “link” identitaire entre l’héritage spécifique à l’identité ecclésiale maronite et la génération des jeunes. La transmission structurée peut faire usage des nouvelles technologies pour aider les jeunes à s’approprier les composantes de base garantes d’une spécificité d’ouverture. Tout séminariste et prêtre sera ainsi un mobilisateur de missionnaires chrétiens et maronites en dehors de l’Association. Ladite Association a toujours mis en place des espaces de missionnaires laïcs qui lui sont rattachés. Mais ce qui est demandé c’est d’aller au-delà de la mission institutionnalisée vers le modèle missionnaire maronite intégré dans tous les espaces sociaux. C’est en cela que se révèle le modèle transmis par l’Association.
“Etre” des “Positionneurs” de la foi
Il est connu que les agents de socialisation tels les parents, les enseignants, les prêtres, les religieux, les religieuses, les chefs de groupes de jeunes, etc., sont des “modèles” vivants qui incarnent des valeurs, ou alors des contre valeurs, évangéliques au quotidien.
La dernière recherche sur “les jeunes catholiques au Liban”, effectuée pour l’APECL en 2012, a montré “une pénurie” des modèles de référence. Cela diminue la solidité des points de repères qui constituent le point dur d’un projet de vie des jeunes.
Un espace de recul analytique et réflexif est à effectuer par chaque instance portant dans son profil des fonctions éducatives directes ou indirectes. Un temps d’arrêt régulier pour réfléchir la rentabilité de l’action en termes de positionnement de foi pour les agents associatifs eux-mêmes et les bénéficiaires de leur action constitue “une hygiène”, à la fois institutionnelle, spirituelle et missionnaire.
Etre des apôtres de l’intégration du sens et de l’attitude missionnaire dans la vie quotidienne des individus et des groupes constitue l’élan existentiel des “missionnaires maronites” au Liban et dans le monde.